Truc du formateur : la modestie
Chus capab’ !
On m’appelle Super Sirois formateur. Je suis LE formateur des formateurs. Doté de pouvoirs extraordinaires – super-empathie, super-adaptabilité, super-humilité (!), super-patience (!!!)… –, j’aime par-dessus tout partager mes super-trucs avec vous.
Soyons modestes
Mon conseil du jour, chers formateurs : soyons modestes. On jette un enfant sur la patinoire. Le p’tit maudit se met à scorer des buts ! Cet enfant-là fera-t-il jamais un bon coach ? Permettez-moi d’en douter. Qu’est-ce que signifie pour lui ne pas savoir patiner et apprendre ?
Vous tirez de la guit comme Jimi Hendrix. Votre employeur vous a choisi pour former vos collègues. Félicitations ! En montant sur scène, vous faites à votre auditoire la démonstration de votre virtuosité. Erreur ! Vous venez de décourager la plupart de vos élèves... personne ne voudra toucher à votre guit ! Ma recommandation : prêtez votre instrument à vos aspirants musiciens le plus rapidement possible. Faites-leur pincer une corde. Exclamez-vous : « Oh ! le beau son ! » Faites-leur plaquer un accord. Exclamez-vous encore : « Oh ! le beau son ! » Faites-leur chanter A Horse with No Name sur l’accord plaqué. Vos élèves s’écrieront : « Je joue de la guit ! » Et c’est l’effet que vous recherchez : l’enthousiasme. Cet élan est nécessaire. Vous savez que l’apprentissage à venir comptera son lot de défis.
Vous dirigez une séance de yoga avec des néophytes. Vos consignes portent sur une posture appelée gomukhasana, soit la tête de vache en français. Cette posture, qui consiste notamment à « crocheter » les mains derrière le dos, comporte une variante autorisant l’emploi d’une sangle, plus aisée à réaliser et favorisant les progrès. Vous vous apprêtez à faire une démonstration. Laquelle des variantes allez-vous montrer ? Celle avec la ceinture, plus facile, bien entendu. Et pourquoi ? Éviter les revers qui amèneraient certains à se détourner de la pratique du yoga.
Qui sont les véritables vedettes du développement ?
Il y a des formateurs plus grands que nature. Ces étoiles figurent des idéaux inatteignables pour nous, mortels. Leurs exploits provoquent le doute, intimident : « Je ne serai jamais à la hauteur ! » Or les véritables vedettes du développement et du perfectionnement des compétences, ce sont les filles et les gars ben ordinaires à qui on demande de se dépasser.
Les comportements à adopter
Vous êtes les Pierre Lalonde et les Marie-Michèle Desrosiers d’un nouveau Star d’un soir, et votre rôle dicte certains comportements :
- Posez-vous en égal des participants.
- Ne cherchez pas à épater la galerie.
- Rappelez-vous que vous n’avez pas toujours excellé et que vous avez dû passer, vous aussi, par une phase d’apprentissage. Avouez-le : « Je suis parti de plus loin encore ! J’ai fait pire... ! Si j’ai réussi, vous êtes capables aussi ! »
- Favorisez les échanges.
- Sondez l’expertise de votre groupe. Découvrez ses forces et ses points à améliorer ; les défis qu’il est appelé à relever.
- Écoutez et cherchez à comprendre. Appuyez-vous sur votre expérience pour saisir le sens de ce que l’on vous dit... et ne vous dit pas.
- Reformulez ce que l’on vous dit... et ne vous dit pas, tant les faits que les émotions.
- Faites preuve de compassion par rapport aux difficultés vécues.
- Fixez des objectifs d’apprentissage réalistes.
- Découpez l’apprentissage pour favoriser les succès.
- Amenez les participants à tabler sur leurs réussites en augmentant de fois en fois le niveau de difficulté des activités proposées.
- Favorisez les mises en pratique qui confirmeront la pertinence des compétences enseignées, la capacité des participants à les mettre en œuvre et les avantages qu’elles comportent.
- Évaluez les apprentissages et encouragez leur application dans le travail après chaque activité d’apprentissage et à la fin de la formation.
- Mettez constamment en valeur les efforts, les progrès, les comportements appropriés des apprenants, les qualités dont ils font preuve et qui assureront leur succès, les résultats qu’ils obtiennent.
- S’il vous faut féliciter les participants pour leurs réussites, vous prendrez par ailleurs le blâme pour leurs échecs : « Je vous ai mal expliqué... Essayons autrement ! »
- Laissez les participants répondre aux questions qu’ils vous posent. Vous éviterez des discussions, et favoriserez l’autonomie et l’entraide. Vos réponses risquent d’être contestées, moins celles formulées par le groupe. Au lieu de se tourner vers vous, des participants à qui vous faites confiance feront appel à leur intelligence ou se tourneront les uns vers les autres pour solutionner leurs difficultés. Vos élèves ignorent la réponse à leur question ? Si vous la connaissez, vous la leur donnez. Sinon (vous avez droit vous aussi de ne pas savoir !), notez la question, renseignez-vous et donnez votre réponse plus tard.
- Évitez les querelles d’experts. Il ne s’agit pas d’avoir raison. Ces débats s’avèrent stériles et « malaisants ». Ils pousseront vos participants à vouloir aller dîner... dès 10 h 45. « On ne s’entend pas là-dessus. Sur quoi s’entend-on ?... Je t’invite à mettre de côté ce point de désaccord et à porter attention aux points sur lesquels nous nous entendons. » Pas de chicane dans ma cabane !
Vous savez, vos participants aussi sont vraiment super !