Lecture : Open d'André Agassi

Open est l’autobiographie d’un des plus grands joueurs de tennis au monde, possiblement le plus grand, André Agassi. Comme ce livre n’est pas centré sur le développement du leadership, il n’est pas pertinent de le résumer. Voici plutôt la présentation de quelques faits saillants qui ont marqué le développement du champion dans sa relation avec le tennis et le leadership.

La vie d’André Agassi

André Agassi avait une vie de joueur de tennis tracée pour lui, son père veillant vigoureusement à son éducation sportive dès ses trois ans. Ayant pris sa retraite a 36 ans, la très longue carrière d’André a été parsemée de grand succès et de grandes épreuves. Il s’est hissé au sommet de son sport à quelques reprises. La première grande victoire fut avant son 22ièmeanniversaire après avoir remporté le 1erde ses 8 Grand Slam, être devenu millionnaire et avoir connu la célébrité. Ces passages à la cime des honneurs ont alterné avec des périodes de laisser aller, de questionnement et de plafonnement. Entre ses passages aux divers Grand Slam, où les généreuses bourses flirtaient avec les grands honneurs, Agassi a dégringolé du palmarès des meilleurs « tennis man » au monde.

La combinaison de sa très longue carrière de joueur de tennis professionnel, le manque de passion naturel d’Agassi pour le tennis et les montagnes russes de sa carrière ont poli la maturité du joueur tant sur le « court » que dans la gestion de son équipe proche.

De la manipulation de son image à la réalisation de son évolution

Dès ses premiers exploits, Agassi a nourri sa célébrité de ses « looks » confrontants. Son image était importante pour lui au point de se présenter à ses matchs coiffé d’une perruque. Plus de trente ans plus tard, à la fin de sa carrière, Agassi pose le regard suivant sur sa relation avec son image et avec l’évolution de son personnage publique : « Les journalistes ont beaucoup parlé de ma transformation au cours des années. Je crois qu’ils étaient à côté de la traque. Transformer implique le changement d’une chose vers une autre. Je ne me suis jamais transformé, je me suis formé. Ce que les gens voient maintenant, c’est ma première « formation », ma première incarnation. Je n’ai pas altéré mon image, je l’ai découverte. Je n’ai pas changé mon esprit, je l’ai simplement ouvert ». Cette évolution qui lui a permis de passer de « contrôle de son image » à « la reconnaissance d’une saine évolution » a permis à Agassi de faire la paix avec ses multiples épisodes, de fermer ses yeux à la critique et de s’ouvrir à l’acceptation d’une progression naturelle et souhaitable.

Du perfectionniste au réaliste

Comme tous les joueurs professionnels et compétitifs, André était atteint de la maladie du perfectionnisme. Pour gagner parmi les meilleurs, il faut être absolument parfait en tout temps. Il faut penser, s’entraîner, manger et vivre à la recherche de cette perfection. Les creux de sa carrière, où il a passé de médaillé d’or olympique aux ligues de tennis mineures, étaient la preuve incontestable de cette réalité.

Dans le dernier tiers de sa carrière, alors qu’il se sélectionnait un nouvel entraîneur, Agassi a croisé Brad qui allait devenir son nouvel acolyte. Interrogé sur le jeu d’Agassi, Brad explique : « Arrête de penser à toi-même et à ta gamme et souviens-toi que celui de l’autre côté (le joueur, l’équipe, l’ennemi) a aussi des faiblesses. Tu n’as pas besoin d’être le meilleur au monde dans tout ce que tu fais et, toutes les fois, tu as juste besoin d’être meilleur « que l’autre ». Au lieu de gagner, fais perdre l’autre. Encore mieux, laisse-le perdre. Tout est question de chance et de pourcentage. Tu es originaire de Las Vegas, tu connais bien les casinos et tu peux apprécier ce concept. Au casino, la maison gagne toujours. Pourquoi ? Parce que les chances sont calculées en fonction de la maison. Donc, soit la maison. Mets les chances de ton côté. Pas toutes les chances, juste plus de chance que l’autre. Présentement, en essayant d’être parfait dans tout ce que tu fais, tu positionnes les chances contre toi. Tu assumes trop de risque. Au lieu d’essayer de gagner avec tous tes coups, concentre-toi à laisser la balle aller de part et d’autre du filet, tout simplement. Inspire-toi du concept de gravité, jamais compliqué, mais toujours présent. Quand tu poursuis la perfection, tu fais de la perfection ta priorité. Tu te trouves à focaliser sur quelque chose qui n’existe pas et tu rends tout le monde misérable au tour de toi ». Personne ne peut vivre avec un esprit en guerre perpétuellement. Il y a des fois où il faut juste nourrir le mouvement, tout simplement.

La richesse de la vie et cette discussion ont permis à Agassi de passer d’une jeune époque caractérisée par le perfectionnisme - au point de porter le deuil de ses défaites pendant des jours, voire même des semaines, empoisonnant ainsi sa vie et celle de son équipe - à celle d’un vieux routier qui en est venu à oublier l’issue de ses matchs dans les minutes qui le suivaient. Simplement, gardez le mouvement. Personne ne gagne tout le temps, personne ! Il faut juste gagner plus souvent que les autres. Distinguer les nombreuses occasions de mouvements des quelques épisodes de bataille.

Le sens d’une quête, les ailes d’un champion

Agassi a découvert tardivement sa passion pour le tennis et pour la philanthropie. Il a longtemps mené un combat dépourvu de sens. L’arrivée de raisons intrinsèques à ses vraies valeurs et à sa personnalité profonde l’a porté à la reconquête de son titre de champion mondial et lui a offert une « deuxième » carrière. Passer ainsi de la perfection à la passion a engendré une voie pavée d’un succès à long terme pour Agassi.