Lecture : Denise Bombardier, Le Devoir, 2006
Comme leader je dois avoir confiance en moi, m’assurer de dégager cette confiance et je dois aussi avoir confiance dans les autres, sinon toutes mes actions de contrôle excessif vont entraîner des pertes de temps et du désengagement et donc des problèmes d’exécution. Comme contributeur à un projet, je dois avoir assez confiance en moi et confiance en mon leader pour être capable de le suivre, et ce sans poser de questions dans certains contextes urgents. La question qui me tracasse comme contributeur est : Comment pourrais-je te faire assez confiance pour accepter de te suivre dans tes projets, dans ta mission?
LES CONDITIONS ESSENTIELLES À LA CONFIANCE EN SOI ET EN L'AUTRE
1. L’alliance
L’alliance définit la qualité du lien entre les personnes. Elle s’accompagne généralement d’une sensation corporelle de bien-être et de détente générale de l’organisme.
- L’alliance est la résultante d’une expérience relationnelle empreinte de vérité, de présence, de respect, et de clarté.
- L’alliance est parfois animale, elle s’installe toute seule (comme dans le coup de foudre).
- L’alliance est parfois imposée, elle s’installe par la culture (comme dans l’armée).
- L’alliance est empreinte de sagesse et de lâcher-prise (comme dans la résilience).
- L’alliance est souvent le résultat de la présence des autres conditions décrites à la suite de : vision du résultat à atteindre, expérience, ressources, spécificité et transversalité, pérennité… Elle se bâtit dans l’action.
2. La vision du résultat à atteindre
La confiance en soi ou en l’autre est d’abord le reflet d’une vision du résultat à atteindre, une image claire et limpide. Cette vision doit exister assez fort dans notre esprit pour qu’on y croie et conditionne notre énergie. C’est ce que font les athlètes. Comme leader je dois donc voir ce résultat et permettre aux autres de le voir aussi clair que moi. J’ai confiance, car je vois le résultat atteint!
3. L’expérience
La confiance en soi et en l’autre et notre instinct de survie s’appuient sur les expériences réelles accumulées. Qu’est-ce que j’ai fait qui m’incite à croire-prouver que je suis capable de réussir une nouvelle expérience? Qu’avons-nous comme expériences communes qui nous permettent de croire que nous réussirons cette nouvelle expérience? J’ai confiance, car je me fie à mon expérience.
4. Les ressources
La confiance en soi et en l’autre est tributaire de notre capacité à voir nos ressources avec réalisme et à voir notre capacité de résoudre les difficultés que nous rencontrerons en cours de route ou, à tout le moins, qu’on sera capable de se débrouiller et de faire le mieux que l’on peut. J’ai confiance, car j’ai les compétences et les ressources.
5. La spécificité et la transversalité
La confiance en soi et en l’autre est également en lien avec le contexte ou le type d’expérience que l’on a vécus. Est-ce que mes ressources et mes compétences peuvent être utilisées dans un autre contexte ou sont-elles limitées à un contexte particulier. Réparer un moteur ce n’est pas comme réparer un robot ou un corps! J’ai confiance, car j’ai le vécu ou j’ai la croyance que mon vécu est transférable.
6. La pérennité
Par définition, la confiance est temporaire et fragile, car elle est ancrée dans l'expérience au quotidien et on perd vite la main si on ne pratique pas tous les jours, surtout que l’environnement change vite et les échecs viennent miner la confiance. J’ai confiance, car ma dernière expérience était hier.
7. Et plus…
Au-delà de tous les principes, il ne faudrait pas négliger la foi, la foi qui permet à des gens de soulever des montagnes, de créer des miracles et de rassembler les gens autour d’une cause. Contrairement à la confiance qui est rationnelle et ancrée dans l’expérience, la foi est émotive et ancrée dans l’imaginaire, la croyance et la culture. La foi est la confiance aveugle.