Le Leadership courageux
ALAIN MASSIE
M.Massie, quelle est votre définition du leadership courageux?
AM: C’est difficile de donner une définition précise, car le courage implique des choses différentes pour chaque personne. C’est subjectif la notion de courage : ce qui nécessite du courage pour l’un est une tâche quotidienne pour d’autres. De façon générale, le leadership courageux vise à développer des comportements pour faire face à des situations difficiles ou des défis et agir comme modèle pour aider les autres à développer des comportements de courage
En tant que leader, quels sont les enjeux liés au courage et les difficultés que je peux rencontrer?
AM: Je citerai Nelson Mandela « J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de la peur, mais la capacité à la vaincre ». Un des enjeux principaux, c’est d’accepter que la peur et le courage sont liés, ils sont indissociables. Accepter que notre manière d’utiliser la peur ait un impact sur ma capacité à agir. Elle peut me paralyser, me propulser ou me faire fuir. En fonction des situations que nous vivons, notre manière de gérer, canaliser et utiliser cette peur va avoir un impact subséquent. Les difficultés que je rencontre sont donc liées à mon histoire personnelle, à ma perception des situations, à mon expérience, à ma personnalité, à comment j’interprète mes valeurs, mes croyances… La plus grosse difficulté, c’est peut-être d’accepter en toute sincérité d’écouter ses peurs pour être en mesure de les dépasser. Cela peut parfois être inconfortable à gérer, ce sentiment de vulnérabilité! C’est aussi être conscient que certaines décisions courageuses ne seront pas appréciées alors que d’autres seront applaudies.
Quelles sont les qualités requises pour être en mesure de développer un leadership courageux?
AM: Les qualités requises seront toujours différentes selon les personnes. Mais on identifie 4 comportements clés :
- La capacité de faire le premier pas. Il faut savoir montrer l’exemple et accepter d’être un modèle de comportement courageux.
- La capacité de créer un environnement sécurisant : les employés qui sont appelés à être courageux ne doivent pas être pénalisés. Pour encourager le comportement courageux, il faut créer les conditions favorables à cette prise de risque.
- La capacité d’exploiter la peur : savoir la maîtriser, la transformer en moteur, en énergie mobilisatrice, pour moi et pour les autres.
- La capacité de moduler le confort. Pour poser un geste courageux, je dois sortir de ma zone de confort. Lorsque je demande aux autres de sortir de leurs zones de confort, je dois veiller à ce que la prise de risque ne génère pas non plus trop d’insécurité. C’est un équilibre à trouver, entre la stimulation et la sécurité. Il faut qu’ils prennent le goût d’être courageux…si on veut que le comportement soit pérenne.